Présentation

Bonjour Pierre, comment te présenterais-tu ?

Vaste question pour commencer…

Je faire faire simple: je m'appelle Pierre Journel et j’ai 45 ans. 

Si je rentre un peu dans le détail, de par mon parcours personnel et professionnel, j’ai beaucoup voyagé à l'étranger, et après notre voyage de noces en 1995 au Québec, on a décidé de s’installer là-bas en août 1997.

J’ai toujours été branché internet et j’ai commencé à faire une page web pour chroniquer notre émigration sur laquelle je racontais nos diverses péripéties illustrées par des photos. 

Quelques années plus tard, je me suis offert un iPod et en bricolant dessus, j’ai découvert les podcasts qui étaient, pour moi, technophile et musicien amateur, un moyen idéal de rassembler énormément de choses qui m’intéressaient.

J’ai démarré en mai 2005 le Podcast de la Cabane au Canada (PCC) qui était un blog audio hebdomadaire dans lequel je racontais ce qui s'était passé durant la semaine (découvertes, gadgets, etc…). Puis j’ai fait des enregistrements audio en me promenant avec un appareil IRIVER: j'enregistrais mes promenades dans la rue, les balades en vélo, les soirées Jazz aux Francofolies de Montréal, etc… bref, tout ce qui me passait sous la main et à portée d'oreille. C'était comme des bouts de cartes postales audio.

J’ai fait ça de 2005 jusqu’à fin 2008 et notre retour en France.

Bien entendu, faire le PCC à Paris n’avait plus autant de sens, c’est forcément moins exotique, et c’est à ce moment-là que j’ai lancé La Chaine Guitare, en mars 2009, qui était un projet qui murissait depuis très longtemps. Ce podcast existe en français mais dispose également d'une déclinaison en anglais.

Du coup, le PCC est passé en fréquence mensuelle pour des questions de temps mais continue d'exister, et en parallèle, La Chaine Guitare a pris beaucoup d’ampleur.

Au début, je pensais faire péniblement un épisode de La Chaine Guitare par mois, et finalement j’ai rapidement eu suffisamment de contenu (interviews, tests, etc…) et le podcast a trouvé son public assez facilement. Ca continue d'ailleurs de bien se développer. 

Je suis le premier auditeur de la chaine guitare et je suis content du déroulement de l'aventure car ça m’a permis de rencontrer des idoles de jeunesse, de Bertignac à Steve Vai.

En août 2011, j’ai repris le principe de La Chaine Guitare pour parler d’Evernote et c’est ainsi que j’ai lancé La Chaine Éléphant, également bilingue selon les intervenants. Le principe étant de donner des trucs et astuces pour l’utilisation de l’écosystème Evernote.

 

Je te connais grâce à ta passion pour la musique et principalement la guitare, mais quoi d’autre te fait vibrer ?

Mes passions à part la musique et la guitare sont diverses mais j'aime principalement la course à pied, la photo, les gadgets et internet.

 

Quelle était ta première guitare et à quel âge as tu commencé à gratouiller?

J’ai dû commencer vers 12-13 ans, sur une guitare classique que mes parents m’avaient achetée chez Paul Beuscher. En général à l'époque, on faisait commencer par une guitare classique, principalement pour des raisons de coût.

Mon premier professeur était mon frère et j'ai ensuite pris des cours avec Michel Aumont que j’ai interviewé 25 ans plus tard dans le cadre de La Chaine Guitare.

Ensuite, je suis passé à l’électrique avec le parcours habituel des groupes étudiants: concerts, tremplins rock et compagnie. 

Je n’ai jamais vraiment arrêté ; même si je n’ai plus de groupe depuis que je suis rentré du Canada, je continue de jouer très régulièrement et à bien triper sur cet instrument.

 

Qu’est-ce qui t’intéresse dans la pratique de la guitare ?

Tout ce qui touche à la guitare m’intéresse. C’est tout l’enjeu de La Chaine Guitare.

Même si, personnellement par gout, je suis plus intéressé par le blues/rock/métal, j’ai également interviewé des guitaristes de jazz  ou de métal extrême que j’au du mal à écouter.

Donc s’il fallait que je choisisse un aspect de la guitare qui m'intéresse particulièrement, ça serait le feeling, le son, le phrasé.

J’écoute beaucoup de blues et quand un mec comme B.B. King est capable de mettre tout le monde d’accord sur 2 notes qui apparaissent évidentes mais la manière dont il les joue, ça change tout. Et ça n'est pas quelqu'un quelqu’un qui joue vite ; si ça se trouve, je peux jouer 5 fois plus vite que lui mais jamais je n’aurai le 10ème de son feeling.

Le côté gymnastique quand on est jeune et fringant, ça impressionne mais on s’en lasse vite. Je reçois des disques où les morceaux sont impressionnants techniquement mais rien ne s’en dégage et musicalement il ne se passe rien et au final, ça fait chier tout le monde, y compris les guitaristes. La vitesse pour la vitesse c’est hyper ennuyeux.

Si tu travailles fort X heures par jour, tu finiras par arriver à sortir les notes, mais retrouver le même feeling, c’est plutôt compliqué.

Il y a des gens des gens qui ont les deux. Par exemple, pour moi Satriani a ces deux cotés : une technique incroyable et un sens mélodique fabuleux.

 

Quelles sont tes principales influences ?

Fichtre! Pas facile de sortir une liste exhaustive. Bon, il y a des groupes phares : je suis un fan inconditionnel des Rolling Stones que j’ai vu 3 ou 4 fois en concerts. Je me suis construit autour d’eux. Avec mes premiers groupes, on reprenait les Stones et je me suis abimé les doigts sur leurs morceaux.

Après, pour les gens de ma génération, il y a eu également Téléphone. Sinon, il y a bien sûr les classiques Van Halen et  ZZ Top.

Plus tard, je me suis intéressé aux musiciens sortis de l’école des shredders : Satriani, Vaï, Malmsteem, Bettencourt et compagnie.

Voilà globalement les musiciens qui m’ont le plus influencé. Ce sont des gens dont j’avais les posters dans ma chambre adolescent et j’ai d’autant plus de plaisir à les interviewer désormais.

 

Ce blog a pour but le partage et la découverte à l'attention des curieux, donc que peux-tu citer comme étant indispensable de connaître selon toi?

Ça serait bien prétentieux de ma part sortir une liste avec des incontournables, mais puisque tu demandes, je vais bien te trouver quelques œuvres qui me paraissent intéressantes.

Pour la musique, j'ai déjà évoqué le sujet.

En littérature, je lis beaucoup en anglais et j'apprécie les livres de Ken Follet dont j’ai dû lire tous les bouquins. C'est pareil pour Mickael Crichton et John Grisham. Ils ont tous une approche très cinématographique dans l’écriture.

J’aime beaucoup aussi lire dans la pléiade, par exemple Les 3 mousquetaires ou les mémoires interrompues de Charles de Gaulle que j'ai trouvées hyper intéressantes.

Je ne suis pas un gros consommateur de séries; j’en ai regardé quelques unes, notamment celles qui reviennent périodiquement sur mon radar. Dans ce cas, je me dis : "bon celle là, elle doit vraiment être bien, il faut que je la regarde ".

Ainsi, j’avais beaucoup aimé Lost, même si y’avait plein de trucs que je n'avais pas compris. J’ai bien aimé aussi Battlestar Galactica que j’ai découvert il y a 2 ans environ et sur laquelle j’ai bien trippé. J'ai également passé du bon temps sur les premières saisons de 24, ou de Prison Break, avant qu’ils n'aient épuisé toutes les ficelles.

 

Et sinon d'après toi, est-ce que c’était vraiment mieux avant ?

Pas du tout !

Pour moi le compteur est resté bloqué à 25 ans. Même si j’ai 45 balais, j’ai toujours l’impression d’être un gamin.

Peut-être qu’un jour je sombrerai dans la nostalgie mais pour le moment, je trouve que l’époque dans laquelle on vit est hyper excitante. On a les moyens aujourd’hui de développer de nombreuses choses. Notamment sur la communication à travers les réseaux sociaux.

Des personnes pleines de talents mais qui ne savent pas utiliser les outils de communication actuels peuvent rester sur le côté de la route ; c’est le cas de certains musiciens que j’ai pu rencontrer car ça n’est pas leur domaine, ni leur métier. Du coup, il y a des nouvelles opportunités à apporter une expertise pour les aider à mieux communiquer.

 

 

Actualité
Podcast et blog

Quelle est la valeur ajoutée d’un podcast par rapport à un blog ?

Je suis venu au blog par le podcast et non le contraire. 

Je consomme relativement peu de blog. En fait, je les suis via un lecteur de flux RSS qui me permet de suivre leur actualité.

Sur le PCC, l'immense majorité des billets n'existe que pour héberger un épisode de podcast. 

Concernant, La Chaine Guitare je panache un peu, ça m'arrive bloguer. De plus, depuis quelques temps, un auditeur passionné, Fred, est devenu rédacteur de billets sur La Chaine Guitare.

 

Est-ce qu’un podcast a vocation à être rentable ? cela te permet-il de bénéficier d'avantages ?

Etre rentable? Pour l’instant je dirai non.

Si quelqu'un arrive à gagner de l’argent avec le podcast, j’en serai le premier ravi mais globalement personne n’arrive à le faire et ça n’est pas la motivation première.

Par contre, cela apporte énormément en termes expérience et de rencontres, même si ça n’est pas quantifiable en termes financiers.

Pour faire suite à ce que je viens de te dire, je ne peux que dire que ça permet de bénéficier d'avantages. Ça m’a permit de découvrir des musiques auxquelles je ne m’étais pas intéressé. Le fait d’avoir l'opportunité de pouvoir rencontrer des guitaristes connus ou moins connus mais bourrés de talent, ça m'a apporté énormément.

En termes de matos, il m'est arrivé de recevoir un peu de matos, principalement par Line6, mais c'est l'exception qui confirme la règle car c'est à peu près les seuls qui ont compris comment fonctionnait internet et l'intérêt d'avoir des rapports avec les blogueurs et podcasteurs. Ca se passe très bien avec eux.

Pour les autres, c'est la croix et la bannière pour tester du matos. Je ne demande absolument pas à le garder. A la limite, c'est plutôt eux qui devraient être demandeurs d'une pub gratuite mais ils ne cherchent même pas à s'intéresser à ce qui se passe sur internet. Vu le nombre de blogs et de podcasts qui existent sur le sujet (assez faible), ils auraient tout à gagner à arroser de matos à moindres frais.

Ils restent sur des modèles archaïques de publicité et de communication. La majeure partie des ressources publicitaires reste affectée aux médias "classiques": presse écrite, radio, TV. Ce sont des médias pour lesquels ils connaissent les métriques: un encart dans tel canard ou une pub de tant de minutes ça touche tant de personnes et ça coûte tant. 

Sur internet, ils perdent le contrôle et ça leur fait peur car le buzz, tu ne peux pas le commander.

La Chaine Guitare et mes autres podcasts ne me rapportent pas d'argent, ça m'en coûte même plutôt avec les différents hébergements et je ne parle pas de ce que ça coûte en termes de temps.

Si demain je trouve un moyen d’être payé à faire La Chaine Guitare à plein temps, je signe tout de suite. Je sais que le moyen ne va pas me tomber dans les bras, c’est à moi de le trouver. Donc je réfléchis à plusieurs idées pour fournir un service que les gens seront contents de payer. C’est très difficile car hormis quelques exceptions, il n’existe pas de bussiness model au niveau du podcasting.

 

C’est justement un sujet que j’évoquais avec Philippe Guedj de chez Nowatch.

Oui, ils font des trucs hyper intéressants avec beaucoup d’énergie et de super bonne qualité, comme par exemple Le Rendez-Vous Tech ou Appload. Mais malgré tout, c’est compliqué pour trouver un modèle économique. Dans mon cas, je n'y crois pas beaucoup, surtout que j’anime vraiment un podcast de niche: la guitare.  Pourtant en podcast francophone, je suis le seul à faire une émission sur la guitare. Si j’inclue les anglophones, on doit être 5.

Il faut trouver l’angle, de manière intelligente. Le modèle qui repose sur la publicité, je n'y crois pas ; y’a des gens qui ont fait des choses bien mieux que moi qui n’y sont pas arrivé. Je pense notamment à Benoit Marchal qui faisait le podcast Déclencheur sur la photo. Même avec une formule premium et un podcast de grande qualité, il n’a certainement pas atteint ses objectifs car il s’est arrêté.

Les gens de Nowatch, je les suis et j’en croise de temps en temps, je ne leur souhaite que du bien, et surtout du courage car ils font un travail d’évangélisation. Ils défrichent car d’une manière générale quand on parle podcast pour le grand public, c’est de la catch-up radio. Le podcast n’est pas du tout sorti du placard.

Peut-être que ça changera quand ça sera aussi facile d’écouter un podcast que d’écouter la radio mais ça n'est pas encore le cas : il faut « s’abonner » et ça fait un peu peur. iTunes, qui pourrait être cette porte d’entrée vers le grand public, ne met pas en avant les podcasts indépendants. Comme Apple n’a pas d’argent à se faire dessus, ils ne poussent pas plus que ça les podcasts. Ils doivent se dire, et finalement à juste titre, qu’ils ont déjà beaucoup fait pour le développement du podcast.

Le côté sombre du podcasting, c’est également qu’il y a pléthore de choix vis-à-vis du temps d’oreille disponible.

 

Au cours de la semaine, combien de temps est consacré, directement ou indirectement, à tes podcasts?

Depuis quelques mois, ça m'occupe quasiment à temps plein donc ça fausse un peu.

Sur la production d'un podcast, ça me prend entre une dizaine et une quinzaine d'heures par semaine en comptant le temps de recherche, l'enregistrement et la post-production, ce qui n'est pas énorme par rapport à d'autres.

Je suis partisan d'un podcast quasiment "live to hardrive"; à moins que je me plante vraiment au milieu, j'enregistre d'un bout à l'autre et ne fais quasiment aucun montage sinon ça me prends trop de temps. Je suis convaincu du fait que ce qui fait l'intérêt du podcast c'est justement ça: l'instantanéité et la proximité sans artifices.

 

Comment arrives-tu à rencontrer les musiciens que tu interviewes ? Est-ce un réseau de plus en plus important ou bien seulement la passion et la persévérance pour convaincre?

C'est un mélange des deux, j'ai deux méthodes.

La première: je suis rentré en contact avec 3 attachées de presse qui me contactent maintenant pour me proposer des rencontres lorsque leurs artistes passent en France. Elles ont chacune leur spécialisation: blues et rock/métal.

La seconde source, c'est moi. Je contacte directement les gens par Facebook, leur site web, Twitter en leur expliquant pourquoi j'aimerai les rencontrer et ça marche plutôt pas mal.

En fait, j'ai une dernière source, très récente: ce sont les gens qui me contactent pour que je parle d'eux. 

Alors je ne fais pas de review et si je parle d'un disque, c'est que derrière, je veux faire une interview. Donc je reçois pas mal de disques. J'écoute tout et ensuite, si ça me botte, je prends contact. Ce choix est totalement subjectif et assumé, ça n'est pas parce que je ne donne pas suite que ce qu'on m'a transmis est naze. Il faut faire des choix, je garde ce qui me plait.

Je ne fais pas de différence de traitement entre les différents artistes, connus ou non connus, je leur consacre la même attention et le même temps d'interview. Le moteur reste la passion et ça doit jouer dans ma facilité à nouer des contacts.

Concernant les interviews, il m’arrivait au début de ne pas dormir 8 jours avant d’interviewer quelqu’un. Si aujourd'hui je suis désinhibé sur le fait de faire les interviews en anglais, au début c’était assez impressionnant.

Maintenant même si je suis rôdé, c’est toujours un plaisir et il me reste pas mal de grands noms à rencontrer.

 

Et pour le matériel ?

Globalement, c'est toujours moi qui prends l'initiative du contact.

Là où c'est parfois compliqué, c'est lorsque les importateurs plantent certains contacts ; les marques donnent leur feu vert mais l'importateur n'a pas de temps à consacrer pour ces petits volumes, c'est dommage mais ça se comprend.

Je ne cours pas non plus après ça. Je suis un fou de matos, mais encore une fois, tu mets B.B. King avec une guitare de daube et un ampli pourri, il va te sortir un son incroyable. On a tous le fantasme de la carte de crédit nous fait imaginer que si tu t'achètes la guitare de Van Halen, tu vas jouer comme lui.

C'est pour ça que je n'oriente pas La Chaine Guitare comme un podcast ou un blog spécialisé dans du test de matos. C'est gratuit, je suis libre et je présente ce qui me plait.

 

N’y a t-il pas un risque de vouloir dire du bien des personnes que tu rencontres ou du matériel que tu testes afin de maintenir la dynamique ?

Je suis assez relax par rapport à ça car je n'ai aucun lien commercial.

Je fais une sélection sur les interviews que je fais. Si on m'a fait parvenir un album qui ne me plait pas, je préviens directement que je ne souhaite pas faire d'interview pour ne pas le faire à la légère ou contre mon gré.

Bon, bien sûr, si Clapton sort un album tout naze et qu'on me propose de faire une interview, je la ferai quand même, mais je vais parler de plein de choses en centrant moins sur l'album. Ce monsieur a d'autres choses à proposer, comme son expérience, son parcours, son matos, etc.... En même temps, un Clapton merdique doit forcément rester intéressant.

Comme le moteur est la passion, si je fais une interview ou un test, c'est que le l'ai voulu donc je le fais avec sérieux et application mais pas pour avoir de bonnes relations dans le milieu.

Je trouverai complètement con d'aller rencontrer quelqu'un et de lui casser les pattes ou lui faire une interview merdique, ça ne sert à personne. 

Les attachés de presse me connaissent, elles se rendent compte que je fais ça avec sérieux, respect pour les artistes et c'est ce qui leur importe.

De toute façon, même si je mettais une mauvaise critique sur un album, pour elles, l'important c'est qu'on parle des artistes. Il n'y a pas de mauvaise publicité.

Pour le matos, comme je le disais, je n'ai pas trop le problème puisque je n'ai pas énormément de matos à tester. Mais si ça arrivait et que je trouve que le matériel n'est pas bon ou qu'il ne m'intéresse pas, je n'en parlerai pas et c'est tout. 

Je n'ai pas de cas de conscience car ça n'est pas arrivé.

Pour ceux qui vivent de la pub, ça doit forcément être plus compliqué: quand tu as une page de pub, deux pages après le test, on peut imaginer que celui qui écrit le test peut avoir quelques conflits intérieurs.

 

Sais-tu qui te regarde et t’écoute ?

J'ai des statistiques assez précises par rapport à la page fan Facebook. Je peux en conclure que j'ai un auditoire composé grosso modo à 80% d'hommes, relativement jeunes. Comme je fais un contenu en français et en anglais, j'ai des auditeurs d’un peu partout.

Comme autre indicateur, il y a les gens qui commentent. Les podcasteurs et les blogueurs se nourrissent de feedbacks.

 

Selon ton expérience, quelles sont les difficultés relatives à la réalisation d’un podcast ?

Ca s'est quand même sacrément simplifié par rapport à il y a quelques années quand il fallait mettre les mains dans le cambouis. Maintenant, tu prends ton téléphone, une application et t'es podcasteur en 5 minutes. Des solutions clés en mains existent.

Le principal sujet, c'est l'hébergement auquel il faut penser pour gérer les téléchargements.

Après, c'est du savoir-faire, savoir placer se voix, mettre un petit générique au début, des jingles ou des virgules sonores entre les rubriques, parler correctement, mais globalement ce sont des choses qu'on acquiert aussi avec le temps.

 

Que conseilles-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’aventure du podcast ?

En matériel ça dépend ce qu'on veut faire, si on est mobile ou sédentaire.

En mobilité, j'utilise un Zoom H2 que je trimballe depuis des années. C'est d'ailleurs avec lui que nous conversons actuellement, connecté en USB. Donc on peut aussi s'en servir pour enregistrer un podcast.

En montage, j'ai commencé sur PC donc je le faisais avec Audacity et ça marchait plutôt bien. Depuis quelques années, je suis sur Mac et je fais tout sur GarageBand et iTunes pour la compression.

En matière d'hébergement, tous mes podcasts sont hébergés chez Libsyn qui est spécialisé dans le podcast avec des formules adaptées et je n'ai jamais eu un pépin.

Le premier abonnement doit être de quelques euros par mois ; après tout dépend du volume des épisodes.

Sinon, on peut se payer un nom de domaine et un hébergement pour le blog, mais ça n'est pas obligé. Par exemple, le PCC est toujours sur une plateforme gratuite depuis ses débuts.

Les autres podcasts sont chez OVH, payant, uniquement depuis l'année dernière pour une dizaine d'euros par mois.

La plus grosse difficulté est dans le savoir-faire et pour tenir la longueur. Nombre de podcasteurs partent avec des objectifs trop ambitieux et puis après quelques épisodes abandonnent car cela s’avère trop compliqué à gérer.

 

Où se déroulent les enregistrements ? 

Ca peut être nomade, donc n'importe où.

Sinon pour les épisodes chez moi, c'est dans mon salon où je me suis aménagé un petit coin. Mais avec le Zoom H2 et un portable, on peut enregistrer de n'importe où.

 

Quel est ton meilleur souvenir d’enregistrement?

Sur 150 interviews, je n’ai eu que de bonnes expériences.

Pour certains, tu ressors plus emballé que d’autres mais ça vient peut être de moi. C’est pour ça que j’essaie de préparer énormément les interviews pour trouver le bon angle d’attaque ou pour rebondir si je sens que l’interview manque de punch.

Parce qu’avec mon petit podcast, si je viens avec une question que des journalistes ont déjà posée cinquante fois, je vais ramer pour motiver mon interlocuteur.

Si je devais ressortir un moment particulier, je pourrais te parler de l’interview de Steve Lukather de Toto car elle était en audio et vidéo, incluant gestion du son et du cadrage, avec une super star en face de toi et 25 minutes en tout et pour tout. Donc je n’avais aucun droit à l’erreur et du coup quand ça marche, c'est top.

Il y a eu aussi l'interview de Bertignac aux tous débuts de La Chaine Guitare, puisque je suis rentré dans sa loge et pour moi c'était déjà incroyable d'arriver à le rencontrer.

Dans les épisodes du PCC, j'ai eu plein de très bons souvenirs. En fait, c'est surtout le retour des gens qui me complimentaient ou m’encourageaient pour des épisodes qui paraissent anodins de mon point de vue car je ne faisais qu’enregistrer mon quotidien à Montréal.

 

Et le pire? 

C'est parfois difficile de tenir le rythme et il m’est arrivé de me forcer pour me lancer mais je n’ai pas de réel mauvais souvenir.

En 2005, quand les podcasts ont commencé à arriver, on s'est crus les maitres du monde, et j'exagère à peine.

On pensait qu'on allait balayer les médias classiques.

Bon, ça ne s'est pas vérifié et aujourd'hui rares sont ceux qui en vivent ; actuellement, le podcast est à peine sorti du placard.

A cette époque, dès que les statistiques baissaient, on prenait un coup au moral.

Au final, j'en ai pris mon parti, et je me suis dit que quand ça n'intéressera plus les gens, j'arrêterai de diffuser et continuerai pour les archives familiales.

Aujourd’hui j'ai à peu près 15.000 téléchargements par mois et depuis 2009, près de 300.000 au total, ce qui fait déjà beaucoup pour un podcast de niche donc la motivation reste intacte.

 

As-tu eu l'occasion de participer à d'autres podcasts ? 

Ca m'est arrivé d'être invité à gauche à droite ou d'envoyer des feedbacks, notamment avec Déclencheur que j’ai cité précédemment.

J’ai également croisé pas mal de monde lors de conférences ou via Twitter et suite à cette prise de contact, il se peut qu’on se décide de se mettre devant un micro.

Il m’est aussi arrivé d’organiser des rencontres Pod’Panam avec une quinzaine de podcasteurs parisiens.



Culture Geek

Te considères-tu comme technophile ?

Oui,  je suis totalement un geek technophile assumé!

Ca n'est pathologique a priori, mais c'est tout de même assez marqué. Je suis assez scotché à mon téléphone. Je suis plutôt fan du matériel Apple, sans être bigot;  mes premières armes étaient sur Windows et ça se passait très bien.

L'avantage d'Apple, c'est que le matériel et le logiciel sont optimisés et que je n'ai pas à mettre les mains dans le cambouis comme je le faisais dans le passé. Pourtant, j'ai une formation d'ingénieur en informatique donc je sais le faire quand il y a besoin. Mais l'outil informatique m'intéresse pour faire des choses; si GarangeBand sait faire ce dont j'ai besoin simplement, je n'ai pas envie d'aller me prendre la tête sur une suite professionnelle.

Les guerres Mac/ PC, ça ne me passionne pas plus que ça. Aujourd'hui, je suis plutôt axé Apple mais si quelqu'un me dit que son PC est mieux, c'est très bien pour lui. S'il est plus à l'aise dans son environnement, c'est le principal.


Aurais-tu une application mobile à conseiller ?

J’en ai pas mal en stock qui m’accompagnent au quotidien : Downcast pour écouter les podcasts, Tweebot qui est mon client Twitter préféré ou encore Reeder qui est un très bon lecteur de news.

Aimant beaucoup la photographie, je suis assez fanatique d'Instagram.

J’utilise également Toodledo pour gérer ma to-do list.

Et bien sûr, je suis obligé d’évoquer tout le kit d'application Evernote. Ça comprend donc entre autres Evernote, Skitch, Hello, Food, Everclip.

Comme tu peux t’en douter, je suis un grand fan d’Evernote et également de Phil Libin, leur CEO que j’ai eu l’occasion de rencontrer 3 fois.

L'avantage d'Evernote, c'est que tout le monde y trouve son compte qu’il s’agisse de projet personnel, professionnel, pour préparer un podcast, même pour l’administratif familial.


Es-tu un adepte des réseaux sociaux ?

Je gère 5 ou 6 comptes Twitter, un perso et les autres pour mes différentes chaines.

J'anime aussi des pages Facebook correspondantes à chacun des podcasts, mais ma préférence va à Twitter.

Je suis passionné par les outils de types réseaux sociaux, qu’il s’agisse d’une optique grand public ou au sein de l’entreprise ; ça va être une des prochaines grandes révolutions : comment les sociétés communiquent à l’interne

 

T’arrives-t-il de jouer aux jeux vidéo ? 

Pas du tout.

Je l'ai été sur mon premier PC il y a une vingtaine d'années mais actuellement je n'ai même pas de jeux sur mon iPhone et je ne joue absolument jamais sur l'ordinateur.

 

Un podcast à faire découvrir ?

"Au cœur de l’histoire" sur Europe 1 que j’écoute souvent quand je cours. Avant j’écoutais 2000 ans d’histoires avec Patrice Gélinet sur France Inter mais depuis que ça a changé de présentateur, j’ai décroché.

Je vais plutôt te parler de podcasts indépendants car ceux de radio n'ont pas besoin de surexposition.

Pour les podcasts en anglais, j'ai un ancien collègue de L'Oréal qui réalise un podcast traitant de Marketing: Minter dialogue. A noter qu'il le fait également en français.

J’écoute aussi pêle-mêle : Today in iOS, Geek News Central ou celui de Steve Runner qui parle de course à pied.

Dans la thématique musicale, il y a aussi Six string bliss, réalisé par deux américains sur la guitare.

J’écoute également un podcast atypique présenté par un prêtre hollandais, Roderick Vonhögen, qui fait un podcast The Break très intéressant dans lequel il parle de trucs de geek, de ciné, de jeu, etc... le tout saupoudré d’un peu de religion mais ça n'est pas vraiment dérangeant. J'ai eu l'occasion de le rencontrer à Montréal et il est vraiment sympathique.

Au rayon des productions en français, je suis obligé de mentionner l'inaudible de Walter Proof qui est certainement l'un des meilleurs podcasts français. Walter est vraiment un fou sur la production et c'est un vrai régal, qu'il s'agisse du Walter’s Weekly Show ou de son feuilleton La breluche dorée. C'est l'archétype du podcasteur qui existe grâce au podcast. Moi à la rigueur, ce que je fais pourrait exister sur France Inter, mais je vois mal Walter faire le WWSh sur France Inter. Je suis hyper fan.

Je les ai déjà évoqués tout à l’heure mais il y a Appload et Le Rendez-vous Tech, tout comme NipTech chez Nowatch que j'aime beaucoup.

Dans Downcast, il y a 35 podcasts que je suis, pour moitié catch-up radio et l’autre moitié en podcasts indépendants.

Faute de temps, je ne m'oblige plus à tout écouter, j'écoute souvent les plus récents ou les moins longs.

 

 

Société
Te considères-tu comme quelqu’un d’engagé ?

Je ne prends pas partie de manière ouverte mais je peux aborder des sujets d'actualité. Je ne fais pas de podcast militant ou des articles dans ce style.

Cela étant dit, comme je communique beaucoup sur Twitter, si j'ai quelque chose à dire, je le dis ou je réponds à certains sujets qui m'interpellent, sans faire de politiquement correct.

Je suis assez transparent sur ce que je pense donc si les gens m'écoutent ou me lisent, ils doivent certainement se rendre compte que quand je vote, c'est plutôt du côté gauche mais je n'en fais pas un étendard ; dans ma vie personnelle c'est important mais pas à travers les podcasts.

 

L'environnement, le respect de la planète, est-ce quelque chose qui t'interpelle ?

Tous les sujets d'actualité m'intéressent et celui la aussi.

Par contre, il me faut un côté concret et pragmatique. Les idéologies "clé en main", ça n’est pas pour moi.

Au Canada, on n'avait qu'une voiture alors que ça n'est pas la norme et en rentrant en France, on n'en a pas racheté. Dans le même ordre d'idée, j'ai choisi d'habiter à St Mandé où les loyers sont plus chers mais j'habite juste à côté du métro pour pouvoir se passer d'une voiture. C'est un choix de vie, même si je ne cherche pas à m'inventer une conscience verte, j'y suis attentif.

 

C’est l’occasion de prendre position avec un questionnaire Fromage ou dessert  ?

- Home cinéma ou salles obscures ?

Salles obscures et en général, en famille.

- Plutôt série ou film ?

Films.

- VO ou VF ?

VO à mort: la VF est interdite chez moi. C’est dérangeant quand tu connais les voix des acteurs.

On a fait la guerre aux enfants depuis tous petits et maintenant ils ne supportent pas de regarder une série en VF.

Je préfère regarder un navet en VO qu'un bon film en VF.

- Concert ou chaîne Hi-Fi ?

J'adore les concerts mais 99% de la musique que j'écoute est de la musique enregistrée. Je dois reconnaitre que depuis que j'ai démarré La Chaine Guitare, je vois beaucoup plus de concerts et c'est un vrai bonheur.

- Ebooks ou livre papier ?

Je suis très branché ebooks même si je suis presque le seul à la maison. J'ai une première génération de Kindle et dispose également de l'application sur mon téléphone, ce qui me permet de lire des bouquins de manière croisée.

Je lis encore des bouquins papiers, principalement lorsqu'ils n'existent que sous ce format.

- Comics, manga ou BD Franco-Belge ?

Je n'ai jamais beaucoup lu de BD. Mes garçons sont très branchés mangas mais moi, ça ne me parle pas tellement.

Que penses-tu de la TV ? 

Je regarde très peu la TV et je suis effaré quand je lis des statistiques qui annoncent que les français regardent la TV en moyenne 3h par jour. Je préfère être sur internet à regarder les trucs dont j'ai envie quand j'en ai envie.

En plus, comme je suis un peu hyperactif, j'ai toujours un truc à faire, autre que regarder la TV.

Il m'arrive de faire le légume tout de même mais c'est rare. Ce que je vais aimer lorsque je suis devant la TV, c'est être en famille à regarder un truc ensemble. Par exemple, je vais rester une demi-heure à regarder The Voice,  mais ça va vite me saouler.

Je trouve que 90% de la production TV est de la daube, mais il y a 10% intéressants, voire très bien; je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain. Par contre le Prime Time de TF1, c'est consternant.

J'aime beaucoup le Vinvinteur de Vinvin sur France 5 le dimanche soir, même si je la regarde souvent sur Dailymotion et rarement en direct.

Je regarde aussi les rencontres sportives importantes mais ça se limite globalement à ça.



Projets à venir

As-tu des projets d’interview prochainement ou du matériel à tester ?

Je n'ai pas particulièrement de grosse interview qui se profile ou qui soit programmée, mais comme je fais en moyenne 3 interviews par semaine et que j'en publie une seule, forcément, j'ai un stock important d'interviews potentiellement intéressantes.

Pour le matos,  j'ai des trucs très intéressants mais pas d'exclu folle.

En réalité, j'ai tellement de matière à publier que je ne fais pas la course au contenu.

 

D'autres projets en préparation ?

Aujourd'hui mon problème et mon principal projet, c'est de transformer cette passion en quelque chose qui puisse me faire vivre. 

Donc je suis en train de réfléchir à monétiser de manière intelligente La Chaine Guitare, sans transformer le site en arbre de noël, ni remplir le podcast de pubs. A moins qu'une marque me sponsorise 5 millions de dollars demain, ça ne tournera pas autour de la pub. Je m'oriente plutôt vers du contenu à valeur ajoutée que les gens auront envie de suivre et de payer parce qu'ils aiment La Chaine Guitare et qu'ils y trouvent leur compte.



Découvertes :

Pour finir, as-tu un coup de cœur à partager ?

J'ai récemment publié des épisodes vidéo de Gaédic Chambrier qui propose un spectacle appelé "Histoires de guitares" et qui est assez fascinant avec un voyage à travers le temps et des instruments hyper ésotériques.

Après, je peux te citer tous les épisodes de la chaine guitare puisqu'à chaque fois pour moi, il s'agit de coups de cœur.

 

Et un coup de gueule ?

Non, rien qui en vaudrait le coup.

 

Une ultime bafouille ? 

Continuez d'écouter des podcasts et surtout n'hésitez pas à interagir: postez sur les blogs, contactez les blogueurs et podcasteurs sur les réseaux sociaux. Il y a encore trop cette distance de l'auditeur qui écoute la radio et ne parle jamais à l'animateur.

Il n'y a pas besoin de long commentaire, un simple tweet ou un "j'aime" sur Facebook. Si je faisais le ratio du nombre de téléchargements sur le nombre d'interactions, le résultat ça serait très petit.

N'oubliez pas que c'est facile de commenter, y compris pour critiquer, et nous faire progresser.


Merci beaucoup pour le temps que tu m’as consacré.

 

 

 

Retrouvez Pierre et ses différents projets:

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La chaine Guitare :

Le site en français et en anglais sur lequel on retrouve les différents comptes relatifs à cette chaine (Twiter, Facebook, Google+, iTunes, etc...)

La chaine Éléphant :

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