Courant 2014, j’avais vu que le musée Art Ludique à Paris allait accueillir une exposition dédiée à des originaux du studio Ghibli, du 4 octobre 2014 au 1er mars 2015, plus précisément sous-titrée « Les secrets du Layout pour comprendre l’animation de Takahata & Miyazaki »

 

Un chemin semé d’embûches

Bon Paris, c’est pas loin, mais c’est pas tout à côté non plus, donc ça nécessite un peu d’organisation et je me dis que j’ai le temps d’ici mars 2015…

Seulement voilà, j’ai le temps, mais j’oublie, jusqu’à ce qu’un ami poste sur Facebook un statut le localisant à cette expo.

Fébrilement je regarde le calendrier et horreur ! Il ne reste que 3 semaines avant la clôture de l’expo et que, bien entendu, ça ne collait pas avec mon planning.

Un peu déçu, je me rabats sur la possibilité de faire acheter le catalogue de l’expo par quelqu’un sur Paris, en guise de légère compensation.

Et puis finalement, magie des RTT, il me restait un jour isolé à prendre : ni une, ni deux, je pose ce jour pour le mercredi 18 février (soit quelques jours avant fin de l’expo) dans le but d’en profiter pour déambuler la journée sur Paris.

Je me prends une place coupe-file (honnêtement ça vaut carrément le coup/coût) la veille, et après quelques hésitations, je décide de privilégier le train à la voiture afin d’éviter de me prendre la tête pour me garer et accentuer le nombre de voitures dans la capitale.

Avec un pass coupe-file, on a une heure pour pouvoir se présenter (détail anodin, mais qui a son importance…) et moi j’avais pris 13h, donc j’avais jusqu’à 14h.

Et là, je me dis que le sort s’acharne et que décidément je ne verrais jamais cette expo, puisque mon train, censé arriver à 11h30, n’a atteint sa destination qu’à 13h15…, et ensuite j’avais encore du métro et de la marche à pied. Bref, je suis arrivé à la porte du musée à 13h55 !

 

« Super ta vie, mais l’expo ? »

J’y viens !!

C’est bien simple, les péripéties de la SNCF ont été immédiatement oubliées dès que j’ai commencé à suivre le parcours qui m’a fait traverser, 2h durant, l’univers du studio Ghibli et même ses prémices d’avant 1985 quand Miyazaki et Takahata faisaient leurs armes dans d’autres studios.

Ghibli, cela représente 30 ans de réalisations pour une vingtaine de films.

Le déroulé de l’expo commence par quelques layouts encadrés, accrochés et alignés de façon relativement simple puis, au fur et à mesure qu’on avance, ça s’étoffe, se diversifie dans la présentation, jusqu’à la salle du Voyage de Chihiro qui comporte à elle seule 600 layouts du film, regroupés dans d’énormes cadres.

Même si on suit le sens de l’exposition, l’œil est sans cesse attiré par un dessin alentour.

Ces layouts sont des dessins originaux des studios, crayonnés, certains réalisés par Miyazaki ou Takahata eux-mêmes et souvent annotés par ces derniers  à l’attention des responsables chargés de la création (animation, mouvement de caméra, spécificités du décor, etc.)


Image : 20minutes.fr


Le layout est en quelque sorte l’étape intermédiaire entre le storyboard et la réalisation de l’animation proprement dite.

Certains dessins ont été agrandis pour orner des murs entiers des salles d’expo (Le voyage de Chihiro ou Princesse Mononoke), et on trouve aussi une zone mise en place pour recréer le décor du couloir d’accès au bureau de Yubaba dans Le voyage de Chihiro. Ce sont de petites choses mais qui apportent un peu plus d’immersion dans l’exposition.


Image : tvland


Au détour d’une salle, on peut trouver divers écrans qui affichent, soit une interview des créateurs de Ghibli, soit des vidéos présentant des extraits de film, permettant d’illustrer la mise en mouvement des layouts présentés à côté.


Image : Golem13


J’ai vraiment beaucoup apprécié les audioguides qui, d’une part, permettent d’apprécier l’exposition à son rythme, mais en plus disposent de commentaires très intéressants et qui, pour ne rien gâcher, sont illustrés par des musiques accentuant l’immersion et la poésie des dessins.

 

C’est vraiment quelque chose qui m’a marqué : la poésie des dessins.

Si une image animée, avec la musique associée garde son impact poétique, certaines trahissent quelque peu l’écoulement du temps (colorimétrie, animation, etc.) alors que les dessins, même les plus anciens gardent cette force intemporelle, à tel point qu’on pourrait penser qu’ils ont été dessinés récemment pour l’expo.


J’en ai profité pour m’offrir le catalogue de l'expo, afin de garder un souvenir: il est un peu cher (35 €) mais comporte 460 pages qui reprennent l’ensemble des layouts exposés, ainsi que des explications sur chaque film : les principaux intervenants pour sa réalisation (réalisateur, directeur artistique, directeur de l’animation, etc.), son année de réalisation et bien entendu, son histoire.

Il débute par une trentaine de pages de témoignages (organisateurs de l’expo, Isao Takahata, Goro Miyazaki, etc.), de présentation de l’exposition et de sémantique technique relative à la compréhension des layouts et de l’animation japonaise.

 

Didouille nous a parlé des layouts et de l’exposition dans l’épisode 10 de l’EntrePod.